« L’art n’est pas une imitation, mais une conquête ».

André Suarès

Je pratique depuis plusieurs années le collage que j’ai découvert lors de ma formation en Art-thérapie. J’y ai trouvé une vraie ressource personnelle, une manière d’exprimer mon rapport poétique et sensoriel au monde en mariant collage, matières et arts-plastiques. Dans mon atelier, loin de l’agitation, je me pose, j’oublie les tracas du quotidien. C’est dans ce sens que j’ai souhaité ouvrir mon atelier à ceux qui souhaitent vivre cette expérience. Chacun y trouve progressivement son propre univers.

Le groupe est une source d’énergie et d’inspiration. Il est également un médiateur de rire, de joie, d’écoute. Je ne propose pas de thérapie, mais la création en est une en soi, elle nous fait tendre vers une autonomie, une valorisation et une satisfaction de soi; souvent un étonnement devant ses propres créations. Il révèle une part de notre identité singulière.

le peintelier: la dynamique du groupe
dynamique du groupe

Il m’arrive parfois de proposer un sujet ou de nouveaux supports en cas de panne d’inspiration, ou pour ouvrir la créativité, mais la collecte et l’association des images constituent déjà en soi une stimulation puissante pour enclencher le processus créatif.

Le processus :

Il y a en premier lieu la phase de collecte : Elle consiste à chercher dans toutes sortes de magazines, revues, ou matières graphiques à disposition… Il y a dans ce processus une rencontre, une recherche des images qui attrapent le regard.  On créer ainsi une sélection dans laquelle piocher par la suite.

La collecte est un temps suspendu, dans lequel se mélange des sensations diverses, allant de l’excitation, de la frénésie au calme et à la douceur. Il y a, à ce moment-là dans l’atelier, une musicalité particulière faite du bruit des ciseaux et du brassage des papiers.

La phase suivante est le choix des images et l’assemblage. Le silence y est en général d’une qualité dense due à une concentration singulière. Les images se côtoient, s’assemblent et se séparent jusqu’à trouver la combinaison juste et définitive. 

le peintelier, assemblage des images
Assemblage des images

La dernière phase, la plus délicate, est celle du collage. Elle demande réflexion et concentration pour planifier la disposition, les angles, les perspectives, les plans de lectures…  

Les différentes phases et techniques mise en œuvre sont au service de l’imaginaire…

L’imaginaire

Dans le collage, nous nous appuyons sur des images du réel, présentes à nos yeux, que nous agençons d’une façon singulière. Nous produisons donc des combinaisons uniques d’images assemblées par notre esprit et notre sensorialité. Il est toujours étonnant de remarquer avec le temps à quel point les collages d’une personne constituent une « œuvre » singulière, au sens où il se dégage des tonalités particulières dans les couleurs et les matières, et dans des thématiques spécifiques plus ou moins récurrentes et combinées… 

Le collage, c’est aussi un jeu de lâcher-prise particulier au moment de la sélection et de l’agencement. On ne peut pas tricher avec les images qui se présentent à nous. Quel processus psychique fait choisir certaines images plutôt que d’autres…?  Il s’opère une sorte de « magie », quelque chose qui est hors de notre volonté. D’une façon ou d’une autre, c’est comme si les images s’imposaient à nous. Vous ne pouvez pas y échapper… les images vous appellent, elles résonnent entre elles, s’éliminent les unes les autres. C’est un mouvement naturel, presque instinctif qui offre une présence de l’instant assez intense et demande une concentration accrue. A cet instant, le reste du monde extérieur n’existe plus !

 Symbolisation

Le collage se créé par un réseau d’associations entre la sensorialité, l’objet trouvé et ce qu’il représente pour soi. L’agencement de tous ces éléments produit des métaphores, des collisions sur le plan de la représentation symbolique. Mes ateliers n’ayant pas de visée thérapeutique au sens habituel du terme, nous ne cherchons pas à décrypter et à trouver d’explications, de sens précis. Mais il est clair qu’un collage peut avoir un sens bien particulier, s’inscrivant dans l’histoire personnelle de celui qui l’a créé ou en référence à une histoire et une culture commune… Parfois, nous pouvons aller chercher dans un dictionnaire des symboles ou d’autres outils similaires, les significations d’éléments et d’associations pour le plaisir de décrypter d’étranges assemblages…

Il y a une indéniable part de poésie dans cette production d’agencements symboliques. Une forme de sublimation naïve du réel qui est très ludique et dépaysante. Un bon remède pour se décaler de l’agression du monde. Une forme d’expression assez directe, intuitive, voire humoristique de ce que chacun ressent à un moment donné en surface mais aussi en profondeur.